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Sociologie, études littéraires, économie

Bibliographie sur la poésie

Je propose ici une vaste bibliographie sur la poésie, incluant aussi des travaux plus généraux en sociologie de la culture quand ils me paraissaient utiles à une réflexion sur les problématiques au cœur de mon travail : inscription de la poésie dans la société, carrières poétiques, regroupements (soit les notions d'école, de groupe, de réseau, d'académie qui toutes veulent décrire les modes de sociabilité, de socialisation mais aussi d'action collective des poètes) et conflits, économie de la poésie, diffusion et public. Elle servira je l'espère, aux chercheurs, étudiants, poètes et "honnêtes hommes", comme on le disait l'âge classique des esprits curieux. Cette bibliographie ne prétend aucunement à l'exhaustivité ; que l'on n'hésite pas à me signaler un ouvrage ou un article qui n'y figurerait pas. J'ai classé, par simple commodité, ces références par siècle, et donne en fin de bibliographie les références de numéros de revues sur la poésie contemporaine.

Avant le XVIe siècle

Le XVIe siècle

Le XVIIe siècle

Le XVIIIe siècle

Le XIXe siècle

Le XXe siècle

Bibliographie sur la poésie

AVANT LE XVIe siecle
La poésie avant le XVIe siècle est un art de cour. Ou plutôt des cours, car l'espace français (mais le mot est anachronique) compte plusieurs cours, en Bourgogne, en Bretagne, dans le Sud. Les poètes appartiennent à la domesticité des nobles, auprès desquels ils exercent des fonctions de secrétaire, de bibliothécaire, de précepteur... Mieux considérés que les peintres relevant eux des arts mécaniques, manuels, et rangés avec les artisans et les corporations, les poètes restent malgré tout des valets : des hommes au service de plus puissant qu'eux. La bibliographie donnée en cliquant sur ce lien.

Théophile de Viau
Les poètes de la Pléiade

La Pléiade est souvent présentée comme la première école littéraire, autour d'un groupe d'auteurs animé par une volonté commune détaillée dans un "manifeste".

LE XVIe SIECLE

Le XVIe siècle est en poésie l’âge de la Pléiade. Sans doute, avec le XIXe siècle, l’autre âge d’or de la poésie française autour des figures aujourd’hui nationales d’un Ronsard ou d’un du Bellay. Pourquoi, au-delà de la « qualité » littéraire ? La poésie reste un art de cour mais au-delà de sa fonction encomiastique (la célébration des Grands) la littérature se voit attribuée un rôle essentiel dans la construction, pas encore de l’espace national, mais d’un royaume unifié sous une même autorité, et donc une même langue contre le latin. La Défense et illustration de la Langue française de du Bellay (1549) fait écho à l’édit de Villers-Cotterêts (1539) ; le pouvoir royal veut étendre l’usage du français, et les poètes de la Pléiade en faire une langue littéraire à l’égal du latin : Ronsard tente d’écrire avec la Franciade ce qu’avait été l’Énéide pour le monde latin. Tout ceci ne fait pas des poètes l’égal des nobles, à qui ils restent attachés. La bibliographie accessible via ce lien, tout comme mes propres travaux, discute ce virage capital pour la littérature française, alors dominée par la poésie. 

LE XVIIe SIECLE

Le XVIIe siècle, l’âge classique, serait l’acte de naissance de « l’écrivain », dans sa forme moderne. C’est la thèse, célèbre, de Viala. Un champ littéraire se constitue autour de l’Académie, institution étatique qui paradoxalement offre une certaine liberté aux écrivains dans la mesure où elle en fait les juges de la langue, leur octroie pour la première un statut social clair. La poésie à ses débuts domine l’Académie ; elle y est le genre le mieux représenté. Ceci ne concerne cependant qu’une faible fraction des écrivains, et ne doit pas faire oublier que les poètes restent sous la coupe des nobles. Une autre institution aristocratique offre de nouveaux débouchés aux poètes et change leur vie sociale, les salons, qui s’affirment aussi comme une instance de consécration. On invite les poètes pour faire briller cette société « d’honnêtes » gens, qu’ils nourrissent de lectures, de formes littéraires et de jeux ; mais le salon reste un lieu avant tout aristocratique, où les poètes ne sont, et de loin, pas les égaux des nobles.

Le Palais de l'Institut
Voltaire lisant "L'orphelin de la Chine" dans le salon de Madame Geoffrin

LE XVIIIe SIECLE

La poésie du XVIIIe siècle est au salon, alors que l’État royal investit moins dans la littérature qu’aux siècles précédents. La noblesse toujours, et quelques grands bourgeois. Le mécénat royal ; . Le jeu de la conversation, les règles de la politesse, le prestige des Lumières, a trop laissé croire que les poètes enfin traitaient avec leurs hôtes sur un pied d’égalité. Mais non ; et même un Voltaire (alors apprécié pour sa poésie plus que ses contes philosophiques) battu par les valets du chevalier de Rohan (Voltaire avait ironisé sur son nom) ne peut répliquer, n’obtiendra pas réparation. On joue dans les salons à la poésie « fugitive » qu’écrivent les nobles, faite non pour durer mais rythmer les évènements sociaux que sont invitations, remerciements, fêtes... Sans doute est-ce pourquoi peu de poètes du XVIIIe siècle nous sont restés, sinon peut-être Chénier, bien qu’on y rime beaucoup. La bibiographie est disponible sur ce lien.

LE XIXe SIECLE

Le XIXe siècle est avec la Renaissance l’autre âge d’or de la poésie française. Un âge d’or paradoxal, car après les succès des premiers romantiques la poésie n’existera que dans les marges du marché du livre, les cénacles, la bohème ; le romantisme inventera la figure du génie incompris, que les symbolistes reformuleront. Si le leitmotiv sur la poésie contemporaine, répété jusqu’au cliché, est sa confidentialité, les plus grands noms peut-être, les mieux connus, de notre histoire littéraire (Baudelaire, Verlaine, Mallarmé, Rimbaud) n’excédaient jamais les 1000 ou 1500 exemplaires, et le plus souvent quelques centaines. Même si la presse se fait plus qu’aujourd’hui l’écho de la vie poétique. Le champ littéraire achève son autonomie, ou sa spécialisation, et la poésie même dans le champ littéraire se spécialise jusqu’à la « librairie spéciale », chez Lemerre ou Vanier qui publient Mallarmé ou Leconte de Lisle comme « produits d’appel » pour mieux exploiter le compte d’auteur, avant que les poètes n’assurent eux-mêmes la publication de leurs œuvres à travers les collections nées des revues au Mercure, à la Plume, à Vers et prose. La bibliographie est disponible sur ce lien.

Victor Hugo
Un calligramme d'Apollinaire

L'EPOQUE CONTEMPORAINE

Le XXe siècle sera d’abord le temps des avant-gardes, prolongeant l’effervescence qui a agité la fin du XIXe. La poésie comme au XIXe siècle ne quittera guère les marges de l’industrie culturelle, sinon pendant la Résistance où la poésie retrouvera une voix « nationale ». En revanche, l’État investit le champ culturel, notamment (mais pas seulement) en faveur des arts « purs » (Bourdieu), soit tournés vers la recherche esthétique, pour financer tandis que l’Université (et l’école en général) s’affirme comme une des principales courroies de transmission, et une instance de consécration, pour la poésie, ou encore la philosophie. Autre tendance forte, la sortie de la poésie hors du livre, avec les lectures, les performances, la proximité croissante avec les arts plastiques. Plus encore qu’au XIXe siècle, les poètes exercent un second métier avant tout dans les professions culturelles et l’enseignement. Ce qui n’empêche pas la poésie d’être très active, publications, évènements, et même institutions mais dans un espace plus spécialisé (ou plus autonome) qu’auparavant. La bibliographie est ici.